JOUR 7 – Mercredi 23 octobre – Bacalar
C’est déjà notre cinquième ville en à peine une semaine. Nous n’avons pas encore réglé notre décalage horaire ni digéré le stress de l’arrivée. Et c’est bien décidés à nous reposer que nous arrivons à Bacalar, et cela tombe bien, la ville s’y prête parfaitement.
Sa situation sur les berges d’une lagune en fait un lieu idéal pour quiconque souhaite se détendre. Nous arrivons suffisamment tôt pour aller nous baigner : il suffit de s’avancer sur l’un des nombreux pontons qui s’enfoncent dans le lagon pour plonger dans une eau douce et à la température idéale. Je dis « nombreux pontons », mais en réalité nous n’en comptons que quatre accessibles ; les autres appartiennent à des hôtels ou restaurants qui, une fois encore, s’étalent le long de la côte. Pour profiter de ces accès, nous sommes obligés, quelle horreur, d’aller boire une bière dans l’un de ces horribles établissements. L’effort en vaut la peine, car nous profitons des magnifiques couleurs offertes par le soleil couchant derrière nous.
Le lendemain, à l’aube, nous espérons voir le soleil se lever face à nous pour illuminer le lagon aux sept nuances de bleu, mais il en décidera autrement, nous laissant sur notre faim. Promenade, farniente et blogging sont au programme de cette nouvelle journée, tandis que la suivante est tout aussi reposante. Solène choisit de faire un tour en kayak dès l’aube sur les eaux encore immaculées de la lagune, tandis que je préfère une visite en bateau à la mi-journée. Accompagné de trois Mexicains venus de Mexico City et d’un jeune couple français, nous traversons l’étendue d’eau jusqu’au « canal des pirates ». Après tout, nous sommes à deux pas des Caraïbes ! Ce canal mène à un second lagon, interdit aux embarcations à moteur.
Les bandits d’autrefois pillaient les navires pour s’approvisionner, notamment en bois. Et oui ! Bacalar disposait d’une grande richesse en ressources naturelles, dont des bois précieux comme l’acajou et le palo de Campeche, un arbre utilisé pour produire un colorant rouge très prisé en Europe.
Pour défendre Bacalar contre ces attaques fréquentes, les Espagnols ont construit, face au canal, le fort de San Felipe en 1733. Ce fort, avec ses canons pointés vers la lagune, servait de bastion défensif et de poste de surveillance contre les assauts des pirates.
Après une baignade d’une vingtaine de minutes au pied d’un restaurant désaffecté, fermé suite à une action de Greenpeace pour sauvegarder l’écosystème marin, nous nous approchons de le cénote Negro. Elle porte ce nom en raison de la couleur sombre de ses eaux, formant un trou béant au bord de la rive, où la profondeur passe brusquement de 2 mètres à plus de 180 mètres. Notre pilote nous raconte la légende de la sorcière qui aurait jeté un sort pour qu’un homme y perde la vie chaque année. Il semblerait que ce soit un conte destiné à dissuader les enfants de s’approcher trop près, l’école étant située juste au bord de cette étendue mystérieuse.
Les cénotes, comme le cénote Negro, le cénote Cocalitos ou le cénote Azul fournissent une partie de l’eau douce qui remplit la lagune, tout en contribuant à ses différentes teintes et à son écosystème unique.
Plus loin encore, nous nous approchons d’un lieu particulier car il protège un trésor : des stromatolites. Les stromatolites sont des rochers vivants qui se forment grâce à l’activité de micro-organismes, principalement des cyanobactéries, qui sont l’un des plus anciens organismes vivants sur Terre. Ces organismes photosynthétiques créent des couches de sédiments qui s’accumulent au fil du temps, donnant ainsi naissance à ces structures. Les stromatolites sont parmi les plus anciens témoignages de la vie sur Terre et se trouvent généralement dans des eaux peu profondes. C’est l’occasion d’un petit plongeon avant une dernière halte non loin de « l’île aux oiseaux » depuis laquelle les différentes couleurs de l’eau se distinguent nettement.
Pour terminer cette jolie journée, nous retournons vers le centre de la ville, qui s’articule autour d’une grande place accueillant des jeux pour enfants et des échoppes en tout genre. Les bâtiments qui l’entourent sont principalement des bâtiments publics, mais aussi des cafés, des restaurants et des boutiques pour les touristes. Ce soir, les festivités commencent, et, pour une fois, il ne pleut pas comme les soirées précédentes. Une scène a été mise en place pour accueillir des groupes de danseurs. Un petit marché artisanal lui fait face, et les commerces commencent à se parer de toiles d’araignée et autres symboles morbides. Dans le petit café du coin, un concours de déguisements se déroule avec des participants de tous âges. Nous prenons plaisir à applaudir les participants, tous plus apprêtés les uns que les autres, avant de rentrer, détendus, à la maison.
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