Par Solène Delahousse

Trois heures de marche nous sépare de la ville, nous sommes à 3000 mètres d’altitude. Le vieil homme est assis à même le sol, ses bras entourent ses jambes pliées… Une grande couverture enveloppe tout son corps, ses pieds nus la tiennent fermée. Le froid qui arrive n’aura pas accès à ce corps emmitouflé. Un turban jaune enroulé sur le crâne lui donne un air de nomade du désert. Je m’assois à ses côtés, prends la même position et m’entoure de ma Natella blanche. Le silence est entier, nous embrassons l’horizon d’un seul regard. La lumière du soir est en suspension sur la montagne qui nous fait face. Au premier plan, une prairie accueille les chèvres, les zébus et deux chevaux. Un peu plus loin, trois chaumières de bois et de terre dégagent par leurs toitures la fumée des foyers qui se perd dans la brume du soir. C’est la dernière heure avant la tombée de la nuit, un grand calme règne, seuls au loin les cris joyeux des enfants, la voix rauque du fermier qui rentre ses bêtes et le dernier chant des oiseaux. La lumière rosie sur la montagne. Toujours impassible le vieux et moi échangeons un sourire, je ressens un sentiment de communion profonde. Je l’imagine s’asseyant tous les soirs face à ce paysage et cela depuis de longues années. Quelques gouttes de pluies tombent mais nous restons l’un et l’autre immuable face à ce spectacle. Deux pas derrière lui, le feu commence à crépiter dans un abris de fortune qui sera notre refuge pour la nuit, son profil se détache à la lueur de ces quelques flammes. La nuit est maintenant là, d’un sourire il m’invite à rejoindre la chaleur du feu, de quitter ce spectacle qu’il retrouvera demain comme chaque jour. Pour moi cet échange silencieux restera à tout jamais gravé dans ma mémoire.


Simon

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