JOUR 24 – Samedi 09 novembre – Mexico City

Le trajet en bus entre San Cristóbal de Las Casas et Mexico a duré bien plus que les 15 heures prévues… Il faut dire que nous avons eu droit à pas moins de 9 contrôles sur le bord de la route. Un ou deux agents, parfois de la police, de la garde civile ou des militaires, vérifiaient les visages, secouaient les sacs et contrôlaient les pièces d’identité. Tout cela se faisait un peu au hasard, sans réelle conviction et surtout sans effet apparent.
Le trajet traverse plusieurs États du Mexique, dont certains sont connus pour des problèmes de sécurité. Le Chiapas, notamment, se trouve à la frontière avec le Guatemala, une zone sensible pour le trafic de drogue, d’armes et la contrebande. Les contrôles servent aussi à identifier les migrants sans papiers et à tenter de limiter leur transit vers le nord du pays.
Je me demande pourquoi ils ne font pas une grande fouille, comme dans les aéroports, avant le départ, pour éviter d’infliger aux passagers de multiples réveils et de provoquer ces 5 heures de retard.
J’ai quand même réussi à me reposer un peu pendant le trajet, et c’est assez frais que j’arrive chez mon ami Yael, qui m’accueille pour mes quelques jours dans la capitale. Depuis son retour de Sydney, Yael s’est installé dans le quartier de Condesa, qui a le vent en poupe.On ne peut s’empêcher de penser à Surry Hills, le quartier de Sydney que nous habitions et qui lui ressemble étrangement par son atmosphère, Accueillant de nombreux cafés sur les trottoirs, contrairement aux villes précédentes où l’on préfère installer les clients dans des cours intérieures, les rues sont élégantes et décontractées, bordées d’arbres et d’immeubles Art déco.
Quel plaisir de se retrouver après deux ans de séparation ! Nous nous remémorons nos soirées de folie, nos après-midis de jeu, nous échangeons des nouvelles des copains et faisons le point sur ce que chacun a fait depuis.
Yael est invité ce soir, c’est donc seul que je vais découvrir la vie nocturne de Mexico. La Zona Rosa accueille de nombreux bars et établissements gays. Il est encore tôt, j’ai le temps de flâner avant que les festivités ne commencent. Je me laisse porter par la foule et débute par un bar en sous-sol, El Taller, qui accueille drag queens et gogo dancers. Je sympathise avec mes voisins, qui parlent quelques mots d’anglais, et me conseillent de me rendre au Kinky Bar si je veux participer à un karaoké. Ce sera donc ma prochaine étape. Un peu plus loin dans le quartier, je découvre Marikoteca (qui a changé de nom) : c’est un lieu bien plus chic, avec une clientèle plus sophistiquée et un cadre élégant. Un toit-terrasse y accueille un public branché, et sans doute plus fortuné, où l’on boit plus de cocktails que de bières. Au niveau inférieur, un homme  apprêté ouvre le tour de chant. Il est talentueux et sera également l’hôte de la soirée. Les prochains participants sont moins impressionnants, ce qui me rassure. Et me voilà, commandant une margarita au mezcal et inscrivant trois chansons : « Ne partez pas sans moi » de Céline Dion, que j’aime tant chanter ; « La Vie en rose », que j’ose pour la première fois et dont je suis plutôt fier ; et une autre première, « Voyage Voyage » de Desireless. Le public reprend le refrain en chœur avec moi — c’est mon moment de gloire internationale ! Il faut dire qu’au bar précédent, ils avaient passé la version mexicaine « Vuela Vuela », reprise par le boys band Magneto en 1991.

Si je continue de visiter les quelques adresses que Yael m’a conseillées, la nuit se fait longue, Le lendemain est un peu douloureux, mon hôte me propose alors une sortie tranquille dans le quartier de Coyoacán, l’un des plus emblématiques de Mexico, avec son atmosphère bohème où les familles aiment se promener dans les marchés du dimanche et déguster les spécialités locales. Parmi elles, un café servi depuis 1953 et des tacos al pastor dont Yael raffole ; il faut avouer qu’ils sont délicieux avec leur garniture de porc et d’ananas rôti.
C’est dans ce quartier que se trouve le très populaire musée installé dans la maison de Frida Kahlo, tellement prisé qu’il faut réserver sa visite un mois à l’avance. Nous déambulons donc dans les allées commerçantes, où Yael semble encore plus enthousiaste que moi à l’idée de découvrir les babioles touristiques — il faut dire que j’en ai visité des marchés au cours du dernier mois. Des peintres et artistes exposent leurs œuvres sur une petite place ; un petit air de la Butte Montmartre me vient à l’esprit.
C’est devant la télé que nous terminons la journée. « Como agua para chocolate », le roman de l’auteure mexicaine Laura Esquivel, publié en 1989, a été adapté en série, et nous nous régalons de cette histoire d’amour sur fond historique, qui retrace la vie d’une famille matriarcale à la fin du XIXᵉ siècle, au nord du Mexique, au début de la Révolution mexicaine. La maîtresse de maison se retrouve seule pour élever ses trois filles dans un contexte socio-politique instable. La cadette, Tita, naît et grandit au sein de la cuisine sous la bienveillante tutelle de la cuisinière attitrée de la famille depuis deux générations. La jeune fille grandit, devient belle et rencontre un séduisant prétendant. Cependant…
Je n’en sais pas beaucoup plus que vous, car seuls les deux premiers épisodes sont disponibles sur la plateforme MAX. A suivre donc…

Lundi, toujours sous les précieux conseils de mon ami, c’est en bus que je pars visiter la ville. La compagnie Turibus propose des circuits en bus à l’impériale et décapoté. Le temps est idéal, beau et chaud, et une petite brise caresse nos visages pendant le trajet, c’est tout de même mieux que les branches et les fils éléctriques que nous devons éviter pendant le trajet dans le centre historique. Un casque audio permet d’écouter la visite en français, facilitant la compréhension des différents monuments qui donnent à la ville tout son charme. Je suis agréablement surpris par le côté verdoyant de cette mégalopole, l’une des dix plus grandes au monde. De nombreux parcs et des arbres bordant les chaussées apportent l’ombre nécessaire pour maintenir une atmosphère respirable et agréable, malgré un trafic dense mais finalement moins chaotique que je l’avais imaginé. Nous passons devant l’Ange de l’Indépendance, le Monument à la Révolution, le Palais des Beaux-Arts et l’Hémicycle à Juárez, ce dernier rendant hommage à celui qui sépara l’Église de l’État, offrant ainsi au Mexique de nouvelles valeurs républicaines.


Arrivé à la place Zócalo, l’une des plus grandes et des plus emblématiques d’Amérique latine, entourée de monuments historiques tels que la Cathédrale Métropolitaine et le Palais National, je décide de poursuivre la visite par la Basilique Notre-Dame de Guadalupe. Pour cela, il faut prendre un autre bus de la même compagnie, mais je n’avais pas compris que c’était si loin. Bien que l’histoire du site soit très importante pour les Mexicains, je n’y trouve pas un grand intérêt et regrette un peu mon choix, qui m’a fait manquer d’autres découvertes.

L’apparition de la Vierge de Guadalupe à Juan Diego en 1531 est un événement central pour la foi catholique au Mexique. La Vierge lui apparut sur la colline de Tepeyac, lui demandant de dire à l’évêque de construire une église en son honneur. L’évêque, ne croyant pas Juan Diego, demanda un signe, et la Vierge lui en donna un : des roses miraculeuses poussèrent sur la colline en plein mois de décembre, une saison où ces fleurs ne poussent pas.
Juan Diego cueillit les roses et les apporta à l’évêque. En voyant non seulement les roses, mais aussi une image miraculeuse de la Vierge imprimée sur le manteau de Juan Diego, l’évêque crut en la véracité de l’apparition.
Depuis lors, la Vierge de Guadalupe occupe une place profondément symbolique et spirituelle au Mexique. Elle incarne à elle seule la synthèse entre les traditions précolombiennes et la foi catholique introduite par les colons espagnols. Elle est célébrée le 12 décembre et reste l’une des célébrations religieuses les plus importantes et les plus vénérées au Mexique et dans de nombreuses régions d’Amérique latine. Des millions de pèlerins se rendent à la Basilique à pied, parcourant des kilomètres, parfois à genoux, pour montrer leur dévotion.

De retour en ville, je décide de terminer mon séjour par un bon repas, pourquoi pas vers Condesa, mais cette fois avec une cuisine mexicaine plus raffinée. Ce n’est pas si simple, la cuisine européenne a envahi les cafés-restaurants du coin, mais je finis par trouver un endroit sympa avec un menu appétissant, jusqu’à ce que je comprenne les ingrédients de certains plats. Certains contiennent des sauterelles, des tripes ou de la peau de cochon, mais j’ai pris mon temps et j’ai rudement bien choisi. C’est avec le goût délicieux de tacos au bœuf que je repars en France, réconcilié par la nourriture, mais aussi par l’atmosphère offerte par les trois dernières destinations.
Si l’on a tendance à réduire le Mexique au Yucatán, il y a bien plus à découvrir ailleurs, et je me dis que finalement, je pourrais bien y revenir pour terminer ma visite de la capitale et compléter mon itinéraire initial par les villes coloniales au nord de Mexico City, mais aussi par Puerto Vallarta, qui semble être paradisiaque, au dire de Giuseppe et Yael, mes deux amis retrouvés lors de ce périple.
J’écris ces lignes à une heure du départ pour l’aéroport, mon avion partant à 5h30 du matin pour me ramener à Paris via Istanbul. Encore un long voyage et une nuit qui n’en finit plus.

Catégories : Mexique

Simon

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